Nous connaissons des moments de grandes tragédies, nous perdons des gens que nous aimons, nous quittons des lieux où nous avons aimé vivre, nous nous retrouvons confrontés à la maladie, la solitude, le désarroi. Ces épisodes peuvent être très nombreux au cours d’une vie et lorsque nous les traversons, nous sommes convaincus d’y laisser toutes nos plumes. C’est vrai, peut-être perdons nous un peu de notre superbe sur le moment, mais c’est en réalité justement dans l’adversité que nous entraînons ce muscle qui fait de nous des battants, des guerriers du quotidien, vibrant d’amour et de joie… Je parle bien sûr du cœur.
Certes, il n’est pas chose aisée d’être dans l’amour quand nous sommes aussi durement mis à l’épreuve. Et pourtant, entre l’ego qui s’identifie au malheur et le cœur qui pardonne, on pourrait croire qu’il est facile de prendre position. Mais ce n’est pas le cas. Et si c’est aussi difficile, c’est parce que bien souvent nous ne créons pas suffisamment d’espace pour que l’amour prospère, nous laissons notre cœur plongé dans l’ombre plutôt que de lui donner toute la lumière et le soin dont il a besoin. Exactement comme une plante dans un jardin laissé à l’abandon.
Faire la paix
Peu d’entre nous nourrissons des pensées d’amour à notre propre égard. Nous passons notre temps à nous juger, à nous comparer, à nous traiter sans grand respect. Et pourtant, personne ne pourra jamais le faire à notre place. C’est donc là que tout commence : se donner de l’amour. Car il sera autrement impossible de partager avec autrui ce dont nous nous privons nous-mêmes.
Comment procéder ? En renonçant, par exemple, à toutes les contraintes qui ne cadrent pas avec la personne que nous sommes à l’intérieur. Tout ce qui n’est pas en harmonie avec notre « vrai nous », le « nous » qui ne porte pas de masque social. Et déjà, nous disposerons d’un peu plus de temps pour manifester enfin ce qui nous ressemble, ce qui nous fait réellement vibrer, mieux encore : ce qui nous inspire.
Oui, c’est en réveillant l’inspiration que nous pouvons agir dans le cœur. Posez-vous la question : qu’est-ce qui vous procure de la joie ? Qu’est-ce qui vous « nourrit » de l’intérieur ? Le sentiment de joie ne pourra jamais faire de vous une mauvaise personne. C’est cette voix, celle du cœur, qui doit vous guider car elle sait mieux que personne ce dont vous avez besoin.
Choisir la gratitude
Nous passons malheureusement aussi notre temps à nous concentrer sur ce que nous n’avons pas, ou plus. Dans bien des situations, nous mettons notre attention sur ce dont nous pensons manquer plutôt que de reconnaître que nous sommes chanceux d’avoir ce que nous avons déjà. Et pourtant, même dans les pires moments de notre existence il y a toujours de quoi être reconnaissant, même si c’est infime ou dérisoire.
Etre dans la gratitude modifie totalement la perspective des choses, elle met l’accent sur la vraie beauté et la connaissance de soi… Car accepter ce que l’on ne peut pas changer, permet justement au changement qui nous sera bénéfique de s’installer. Il prendra simplement un chemin différent. Ce que l’on pensait être une faiblesse devient alors une force, c’est la magie du lâcher prise.
Tentez l’expérience de remercier quotidiennement la vie pour le toit que vous avez au-dessus de la tête, pour ces poumons qui vous apportent l’air vital dont vous avez besoin, pour ces petits moments de joie qui, au milieu des drames et autres difficultés de la vie, égayent vos journées. Et font toute la différence. La vraie nature du cœur consiste à être reconnaissant pour tout ce qui est.
Vivre dans le présent
La beauté de la vie se manifeste dans le présent, ici et maintenant. Malheureusement, nous sommes la majeure partie du temps dans notre tête. En étant à ce point à la merci de nos pensées, nous restons emmurés dans le passé et terriblement angoissés par l’avenir. Revenir au moment, c’est prendre conscience que tout ce dont nous avons besoin est déjà là.
La méditation ne doit pas être perçue comme une discipline, c’est un état d’esprit. Une façon de vivre. Il suffit d’être totalement dévoué à ce que vous êtes en train de faire – en choisissant par exemple la respiration, les sensations, le toucher… plutôt que le mental qui commente, analyse, décortique.
Lorsque nous cessons de tout rationaliser, nous entrons alors en connexion avec le cœur et nous contentons d’exister tout simplement, d’être nous-mêmes. Toutes les réponses dont nous avions besoin apparaissent ainsi clairement, car c’est bien le cœur qui détient à lui seul toute la vérité, et non la tête.
Trois postures de Yoga pour se connecter au cœur
Vous avez peut-être souvent entendu votre prof de Yoga parler d’espace, d’espace entre les côtes, entre les vertèbres, dans le bassin, dans la tête… C’est vrai, le Yoga permet non seulement d’éliminer les toxines, mais aussi de masser les organes internes, étirer les muscles, les tendons / ligaments. Bref, on sort d’une séance en ayant fait peau neuve, la tête vidée, le corps étrangement léger. On a ramené de l’espace partout… Et si vous avez fait beaucoup de « backbend », vous avez par conséquent ouvert votre cœur, et ramené un espace infini dans cette région si puissante.
Ce n’est pas une légende, quand on ouvre le cœur, on est naturellement plus dans l’amour, la compassion, le bien tout simplement. Alors voici quelques postures qui vous permettront d’éprouver tout l’amour qu’il y a en vous, mais aussi de le diffuser autour de vous.
Assurez-vous d’être en bonne condition pour pratiquer ces postures. N’oubliez pas de vous échauffer et de rester à l’écoute.
Bhujangasana – Le Cobra. Niveau débutant
Allongez-vous totalement sur le ventre, front sur le tapis, et ramenez les mains à plat au sol de chaque côté de vos aisselles. Tout le corps se détend, seul le ventre est légèrement engagé, pour permettre à la ceinture abdominale de protéger les lombaires.
Sur une grande inspiration, décollez lentement le buste du sol. Gardez le menton proche du sternum et les coudes contre la cage thoracique. Détendez profondément les fessiers et les épaules. Si vous ne parvenez pas à les détendre, allez moins loin dans la posture. Restez toujours à l’écoute.
Tenez ainsi 5 longues respirations, en vous concentrant sur les sensations au niveau du cœur, la chaleur qui s’y répand, par exemple. Puis relâchez sur l’expiration. Vous pouvez répéter plusieurs fois.
Contre posture : Balasana, posture de l’enfant. A quatre pattes, ramenez les pieds ensemble et les genoux à la largeur du tapis. Le bassin entre en contact avec les talons, le nez se pose sur le sol et on garde les bras étirés devant soi, ou bien au choix relâchés derrière, les paumes de main dirigées vers le ciel. Restez plusieurs longues respirations, en vous concentrant sur les sensations dans le bas du dos.
Ustrasana – Le chameau. Niveau intermédiaire
Dédoublez votre tapis pour protéger vos genoux et prenez appui sur ces-derniers, écartés à la largeur des hanches. Posez vos mains sur le bas du dos et maintenez-les fermement en place. Engagez le bas de votre ventre et commencez à rapprocher vos omoplates, les épaules détendues vers le sol. Etirez le torse depuis la base de la colonne vertébrale en laissant la poitrine s’ouvrir vers l’extérieur. Prenez soin de ne pas vous affaisser sur les lombaires et gardez les hanches au-dessus des genoux.
Si vous avez suffisamment de souplesse dans les lombaires, relâchez les mains pour attraper les talons (pour rendre la posture plus accessible, vous pouvez crocheter vos orteils dans le sol). Poussez les hanches en avant pour garder les cuisses verticales comme si un fil invisible partait de votre nombril pour aller vers l’avant. Tenez 5 respirations profondes, en vous concentrant de nouveau sur la région du cœur.
Pour quitter la posture, remettez les mains dans le bas de votre dos, prenez une grande inspiration et remontez tranquillement, les cervicales en dernier.
Contre-posture : Balasana (voir plus haut).
Chakrasana – La Roue. Niveau avancé
Allongez-vous sur le dos les genoux pliés, et ramenez les talons vers le haut, de façon à pouvoir les toucher du bout des doigts en ayant les bras tendus. Pressez ensuite le coccyx vers le ciel, de façon à ce que les lombaires soient au contact du sol. Menton vers le sternum.
En utilisant la force des mains sur le sol, commencez par soulever le bassin plusieurs fois vers le ciel en inspirant, puis relâchez au sol en expédiant. C’est la posture du demi-pont. Lorsque vous êtes prêt, placez la paume des mains de chaque côté des oreilles (les doigts dirigés vers les pieds) presque sous les omoplates, en gardant les coudes serrés vers l’intérieur. Levez à nouveau le bassin puis poussez avec vos mains pour décoller la tête du sol.
Tenez plusieurs respirations, en gardant bien les jambes vers l’intérieur, ouvertes à la largeur du bassin, et les coudes également vers l’intérieur. Les plus avancés pourront lever une jambe. Relâchez sur une expiration et enroulez-vous tout de suite, pour prendre la forme d’une boule, le front vers les genoux pliés au-dessus de la poitrine. Massez le dos en roulant sur vous-mêmes.
Une fois que la pratique est terminée, accordez-vous un moment de relaxation, allongé au sol, le corps très lourd et les yeux clos. Pendant ce moment, vous ne ferez rien d’autre que vous relaxer, observer sans juger les sensations liées à votre pratique, la respiration, le flux des pensées…
Méditation sur Anahata, le Chakra du cœur
La cage thoracique n’est pas simplement la région de votre cœur physique, c’est aussi celle de votre cœur émotionnel, appelé Anahata Chakra, soit « porte de l’âme ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire, sa couleur n’est pas le rouge mais le vert. Un vert très pur et reposant, le même que celui d’une nature verdoyante. C’est le siège de l’instinct émotionnel et de la connaissance intérieure. Son mantra est « Yam », c’est à dire que c’est le son qui lui est associé.
Il est important de prendre soin de ce Chakra, car il fait le lien entre tous les autres. Lorsqu’il est équilibré, on vibre d’amour, on fait preuve de compassion et de bienveillance. Peut-être pensez-vous ignorer si votre Chakra du cœur « fonctionne » correctement et pourtant, chaque fois que vous percevez la beauté de la nature, de la musique ou encore de la poésie, c’est lui qui s’exprime. C’est également lui qui manifeste l’amour sous toutes ses formes, afin qu’il devienne ensuite universel, inconditionnel.
Pour cela, il est bon de méditer sur cette région. Voici comment procéder :
Prenez une posture confortable, allongé ou bien assis, dans un endroit paisible si possible, où vous ne serez pas dérangé. Fermez les yeux et commencez par détendre le visage, les épaules, puis l’arrière du corps et toutes les zones où vous sentez possiblement une tension. Prenez plusieurs grandes inspirations et imaginez que vous expirez ce dont vous n’avez plus besoin, du stress ou bien des pensées négatives
Une fois que le calme aura commencé à s’installer, mettez votre attention sur la région du cœur. Faites l’expérience pendant quelques instants de ce que vous ressentez dans cette zone, peut-être de la chaleur, des « fourmis », ou bien rien du tout et c’est très bien aussi. Ne jugez pas, observez simplement.
Avant de poursuivre, imaginez qu’en cette zone apparait une belle et vibrante couleur verte. Laissez-vous allez quelques instants dans cette lumière / forme / brume verte, peu importe comment elle se manifeste.
Puis, dans les prochains instant, imaginez que cette couleur porte un message, ou bien que vous « envoyez » vous-mêmes dans cette zone une pensée, une énergie, un fluide, peu importe l’aspect que vous voulez lui donner, mais ce message doit vibrer d’amour, afin que la guérison s’installe. Cela peut être « je m’accepte tel que je suis », ou bien « tout est exactement comme il doit être ». Faites-le plusieurs fois, par exemple en imaginant recevoir ce message sur chaque inspiration.
Chaque fois qu’une pensée se manifeste et perturbe votre méditation, sans vous blâmer, revenez à la respiration et votre cœur. Si cela vous procure du bien-être, vous pouvez aussi entendre le son « Yam » dans votre tête, alors que vous restez concentré sur l’énergie de votre cœur. N’attendez rien en retour, observez simplement l’expérience en elle-même.
Refaite cette méditation chaque fois que vous ressentez ce besoin de vibrer d’amour, de rééquilibrer l’énergie entre le bas (ventre, hanche, bassin) et le haut du corps (gorge, front, sommet de la tête).
Par Laura, professeure de Yoga