Bénéfices, risques… Tout sur le Bikram Yoga

Il y a trois ans, j’ai pris la décision qui allait changer ma vie : me mettre au Yoga. A l’époque, je n’y connaissais absolument rien et je me suis donc rendue dans le studio le plus proche de chez moi, sans savoir de quoi il s’agissait. A l’entrée, où l’encens répandait déjà une atmosphère parfaitement relaxante, on pouvait lire « Bikram Yoga » en lettres d’or. Le jeune homme qui faisait l’accueil ce jour-là a pris mon inscription puis m’a demandé si je connaissais « le concept ? ». Un peu décontenancée mais bien décidée à ne pas le montrer, j’ai dis : « oui, bien sûr ! ». Et voilà comment je me suis retrouvée dans une salle chauffée à 40 degrés avec mon legging et mes chaussettes, devant trois rangées de yogi super athlétiques en petites tenues, fins prêts à se contorsionner pendant les 90 minutes les plus intenses de ma vie.

Bikram Choudhury, fondateur du Yoga College of India à Los Angeles, a lancé le Bikram Yoga à la fin des années 1970. Mais ce n’est qu’au cours de la dernière décennie que ce Yoga très, très chaud est devenu particulièrement populaire – en France, le premier centre de Yoga Bikram a d’ailleurs vu le jour en 2001 à Marseille.

Il existe plusieurs types de Yoga qui se pratiquent dans une salle chauffée – Hot Yoga, Power Yoga… Mais la particularité du Bikram Yoga réside dans le fait qu’il s’agit toujours de la même séquence de 26 postures – directement inspirées du Hatha Yoga – chacune maintenue environ une minute et répétées deux fois.

Quels sont les bienfaits du Bikram Yoga ?

Malgré cette première séance riche en émotions, j’ai continué à pratiquer le Bikram pendant six mois (à raison d’environ trois cours par semaine) et pour cause : mon corps gagnait en force mais aussi en souplesse de façon spectaculaire. Je me suis découverte des aptitudes dont j’ignorais totalement l’existence. J’ai arrêté de fumer, perdu du poids, retrouvé le sommeil, changé mon alimentation (après 90 minutes d’efforts physiques dans la chaleur, on n’a pas très envie d’engloutir un burger et encore moins de s’allumer une cigarette). Mais surtout, j’ai été gagnée par une sérénité dont je ne voulais plus me passer.

Les progrès que je faisais sont devenus une source de motivation inépuisable. Les semaines où je ne pouvais pas pratiquer, je ressentais un réel manque et il me tardait de retourner dans cette salle où je m’étais rendue « par mégarde » quelques mois plus tôt, pour « transpirer » tout ce que je ne voulais pas garder.

Puis, gagnée par la curiosité, je me suis rendue à un « vrai » cours de Yoga. Sans chaleur, sans miroir, juste moi-même et mon tapis. Et j’ai compris un truc qu’on ne m’avait pas dis…

Quels sont les risques du Bikram Yoga ?

Le Yoga se pratique avec trois éléments : le corps, l’esprit et la respiration. Nous n’avons besoin de rien d’autre. Quand on prend conscience de la synergie entre ces trois éléments, on fait du Yoga. Le reste n’est qu’accessoire – la chaleur artificielle, les miroirs… Tout ce qui est réellement nécessaire à la pratique a été, d’après moi, inclus dès le départ par les sages qui ont codifié le Yoga en Inde il y a plus de 5 000 ans.

En pratiquant le Yoga de façon plus traditionnelle, j’ai découvert aussi que le corps peut transpirer autant – voire plus ! – que dans d’autres pratiques physiques. Et si vous en doutez encore, essayez le Vinyasa Flow ou encore le Jivamukti. J’ai aussi réalisé à quel point il peut être dangereux – et inutile – d’utiliser la chaleur à des fins aussi superficielles qu’aller plus loin dans un étirement qu’on ne serait pas capable de réaliser au départ… Et qu’on ne sera plus capable de réaliser une fois qu’on sera hors de l’environnement du Bikram.

D’autre part, l’argument selon lequel le Bikram Yoga éliminerait davantage de toxines est totalement marketing, car la chaleur n’a jamais permis au corps de s’en débarrasser, c’est l’action des muscles qui le permet. Sans parler du fait que cela n’est évidemment pas sans risque de réaliser de tels efforts dans une chaleur aussi extrême… Vertiges, accidents cardiaques, déshydratation – d’autant que les professeurs de Bikram interdisent de boire pendant certaines périodes du cours. Bref, quand il est dépossédé des ses facultés naturelles d’homéothermie (régulation de la température), le corps ne peut plus évacuer par voie cutanée. La liste des risques occasionnés est donc encore longue…

Enfin, perdre de l’eau – et donc des sels minéraux – n’a en réalité jamais favorisé la perte de poids. C’est l’exercice en lui-même qui agit sur la fonte des graisses. Le Bikram Yoga ne fait donc pas plus maigrir qu’un Vinyasa.

Verdict…

Finalement, l’essor du Bikram Yoga répond simplement au désir très occidental de transpirer, repousser ses limites, se challenger, mais aussi « se regarder faire ». Ce qui est profondément opposé aux valeurs du Yoga dont l’un des piliers (Ahimsa) repose sur la non-violence (envers les autres et soi-même), qui a été transmis afin de permettre à ceux qui le pratiquent de se défaire de l’égo et des fluctuations du mental. Comment limiter les pensées d’émettre un jugement lorsqu’on pratique devant un miroir ?

Tous les bienfaits dont j’avais pu faire l’expérience au cours de mes six mois de Bikram étaient donc liés à la pratique du Yoga en elle-même et non aux conditions extérieures relatives au Bikram. Je ne peux donc que vous encourager à pratiquer le Yoga dans sa version la plus pure– quand bien même j’ai, au moment où je me suis retrouvée à pratiquer en Inde, intérieurement remercié Bikram Choudhoury d’avoir fait monter la température de notre côté de la planète pour le super entrainement que cela avait constitué avant d’expérimenter dans les conditions réelles.

Si vous souhaitez tout de même tenter l’aventure, demandez l’avis d’un médecin. Et n’oubliez pas les autres aspects de la pratique tel que « Dhyana » : la méditation.

 

Par Laura, professeure de Yoga