Yoga : êtes-vous prêt.e pour la posture du Lotus ?

Pourquoi le Lotus ?

Que l’on soit un yogi en devenir ou bien un pratiquant confirmé, nous sommes tellement conditionnés par l’image du Lotus que nous en avons presque oublié pourquoi nous pratiquons cette posture… Et pourtant, elle présente de nombreux bénéfices qu’il est essentiel de rappeler.

D’une part, il a été notamment prouvé qu’elle réduit considérablement l’anxiété, les phobies et le stress en apportant une sensation globale d’apaisement dans tout le corps. Elle stimule par ailleurs le bassin et la colonne vertébrale, renforce les abdominaux, étire les genoux et les chevilles (parfait pour lutter contre les problèmes d’arthrose) et enfin encourage la digestion. Bref, Padmasana englobe les bénéfices de tous les asanas réunis et, de ce fait, permet d’apaiser facilement l’esprit… Ce qui en fait donc la « posture parfaite » pour méditer mais aussi effectuer son Pranayama (travail sur le contrôle du souffle).

« La posture, asana, est ce qui est fixe et agréable. Elle devient fixe et agréable lorsque l’effort est faible et qu’il y a méditation sur l’illimité. Lorsque la posture est acquise, la dualité ne peut plus obstruer. » (Yoga-sutras, II-46, 47, 48)

Comme l’a défini Patanjali dans ses Yoga-sutras, il s’agit d’une posture très intense et, par conséquent, difficile à réaliser – elle est d’ailleurs déconseillée lorsqu’on souffre de sciatique ou d’anciennes blessures au niveau des genoux et des chevilles. Dans son aphorisme décrit plus haut, Patanjali rappelle toutefois qu’elle devient agréable quand l’effort n’est plus… Mais comment parvenir à un état de sérénité totale dans une posture si exigeante ?

 

Tout dans les hanches…

Certes, les chevilles et les genoux sont également très sollicités dans la pratique du Lotus. Mais tenter d’améliorer leur souplesse n’aura aucun d’impact direct sur la posture elle-même – on risque par ailleurs de se blesser. C’est en effet la flexibilité des hanches qui permettra à toutes les autres articulations de se placer spontanément dans le Lotus, et donc à la posture d’être effectuée sans douleurs.

Certaines personnes sont naturellement souples des hanches et n’ont de ce fait aucun problème à s’assoir en tailleur ou bien à s’étirer dans la posture du Papillon – vous savez, cette posture qui consiste à ramener progressivement les genoux vers le sol en gardant les plantes de pieds ensemble. D’autres n’ont pas cette chance et, du fait du manque d’espace dans la tête fémorale (articulation de la hanche), ont grand mal à ouvrir cette partie du corps. La bonne nouvelle est que, même si l’on ne pourra jamais aller contre son anatomie, il est possible d’assouplir le bassin – ainsi que le dos et l’arrière des jambes qui ont également besoin d’être assouplis pour être confortable dans le lotus.

Il est donc indispensable d’effectuer en amont un travail régulier sur les hanches qui, en plus d’une absence fréquente de souplesse, sont souvent particulièrement nouées du fait de notre mode de vie occidental et sédentaire (position assise maintenue trop longtemps, manque d’activité physique, mauvaise posture…) mais aussi en raison des émotions très anciennes que l’on y stocke de façon inconsciente.

Ai-je des pré-dispositions anatomiques pour le Lotus ?

Il est assez facile de déterminer si l’on est (ou bien si on sera un jour) en mesure de réaliser ou non le Lotus… Dans une posture assise en tailleur, observez vos genoux… Sont-ils très éloignés du sol ou, au contraire, proche de ce-dernier ? Dans le demi-lotus, avez-vous une grande sensation d’inconfort dans les chevilles et/ou les genoux ? Si tel est le cas, il est possible qu’il faille encore travailler votre souplesse au niveau des hanches. Si ces phénomène sont toujours présents sur du long terme, il est fortement possible que votre anatomie ne vous permette pas de réaliser une telle ouverture. Acceptez les limites de votre corps, apprenez à coopérer avec elles.

…et la respiration

Cela va sans dire que le souffle est un allier indispensable pour pratiquer les postures de Yoga, de surcroît quand elles requièrent une grande exigence physique à l’instar du Lotus. Il est donc impératif d’activer la respiration Ujjayi : ancienne méthode yogique appelée « la victorieuse » en sanskrit », qui permet de reprendre le contrôle sur le moment présent. Il s’agit d’une victoire sur les fluctuations habituelles du mental, d’où son nom. Cette respiration qui se synchronise avec les postures, consiste à respirer uniquement par les narines en émettant un son similaire à celui d’un léger ronflement (comme celui des vagues). Ainsi, on va générer une chaleur (Agni) dans les organes internes, et qui va par la suite irradier dans tout le corps, purifiant l’intégralité de ce-dernier en éliminant les toxines. Les inspirations et expiration s’en retrouvent allongées, et les postures plus facilement maintenues du fait de la chaleur produite qui encourage la flexibilité. Le risque de blessure est par ailleurs considérablement réduit grâce à Ujjayi.

Généralement, on couple cette technique de respiration à Mula Banda : le lien de base qui permet de faire remonter l’énergie vitale jusqu’au sommet du crâne, et qui est par conséquent indispensable à la préparation du Lotus. Cette action que les yogis connaissent bien consiste à contracter le muscle releveur de l’anus, les muscles du plancher pelvien et du bas-ventre ainsi que le sphincter anal. Cela paraît compliqué dit comme cela, mais il s’agit en réalité des même muscles que l’on active lorsqu’on veut se retenir de faire pipi… Ainsi, on va faire remonter Apana (le souffle) afin qu’il s’unisse à Prana (l’énergie vitale). Les postures intenses sont ainsi plus faciles à tenir, et l’esprit concentré sur le moment présent.

Fort heureusement, il n’est pas indispensable de réaliser Padmasana pour atteindre les objectifs du Yoga (unification du corps et de l’esprit, libération du mental…). L’état de méditation peut être atteint dans d’autres postures alternatives plus accessibles, comme Siddhasana (posture assise dans laquelle on va ramener les pieds devant soi, en gardant le talon du pied gauche contre le périnée et le talon du pied droit juste au-dessus de l’organe sexuel).

Par Laura, professeure de Yoga