Vive l’école du dehors !

« La forêt ça me fait jouer avec l’arbre, ça me fait chanter dans mon cœur ! », exprime Léo, 6 ans. L’aventure grandeur nature au programme de l’école, ce rêve pour petits et grands est-il à la portée de nos enfants ? Alors que dans le monde entier, depuis une vingtaine d’années les écoles dans la nature fleurissent, le mouvement peine à décoller en France. Les effets néfastes du confinement pourraient-ils donner des ailes à l’école du dehors dans notre pays ?

 

École du dehors et « Forest school », kézako ?

L’école du dehors telle qu’elle se met en place à pas de fourmi en France s’inspire des « forest school » que l’on rencontre dans le monde entier. Les premiers à avoir tenté l’expérience sont les pays scandinaves, et notamment le Danemark, dans les années cinquante. Dans ces écoles installées au cœur de la forêt, les journées des enfants sont rythmées par l’alternance entre activités dirigées et jeux libres. Qu’il pleuve, qu’il neige, ou qu’il vente, les élèves et les enseignants sont au rendez-vous. Au-delà de ces écoles spécifiques, dans toutes les maternelles danoises, les enfants passent une bonne partie de leur journée à l’extérieur.

Au Royaume-Uni, apprendre dehors est devenu une priorité ! Tout le monde connaît les « forest school » et on parle davantage d’« outdoor learning ». Un rapport officiel reconnaît ses bienfaits et les enseignants suivent un programme de formation. On leur demande aussi un enseignement créatif considérant que l’apprentissage en extérieur nécessite un renouvellement des pratiques. Il y a plus de 3 000 forest schools en Europe, dont 2 000 en Allemagne.

En France, il existe seulement une école à plein temps dans la nature, à Marsac en Charente, l’école de la forêt de Chantemerle. La collaboration entre les associations de découverte de la nature et les écoles permet de développer de nombreux projets pédagogiques dans la nature. Pour exemple, les associations l’École buissonnière (Drôme) et les Piverts (Vosges) contribuent à faire sortir une cinquantaine de classes dehors. Engagée sur les problématiques environnementales, Strasbourg développe également des projets d’école du dehors en collaboration avec les associations locales.

 

Le terme « forest school » englobe donc des réalités bien différentes, depuis les écoles en pleine forêt à temps plein à celles proposant des activités régulières dans la nature.

 

Nos enfants ont besoin de nature !

Le manque de nature est aujourd’hui considéré comme un symptôme : le « Nature deficit disorder », identifié par le chercheur américain Richard Louv. Selon une étude menée par l’Éducation nationale depuis 2010, les troubles cognitifs, du psychisme et du langage chez les enfants de plus de 4 ans, sont passés de 24% à 54%. En cause ? L’omniprésence des écrans, l’urbanisme à outrance, la peur que l’enfant se fasse mal… On prive les enfants d’extérieur et de nature sans réaliser qu’on les prive d’un besoin vital, le lien avec la nature, avec le monde des vivants.

 

Les nombreux bienfaits de la pédagogie « par et dans la nature »

Si l’on profitait du contexte sanitaire actuel pour mettre les écoles au vert ? Jusqu’ici le ministère de l’Éducation nationale ne se positionnait pas sur le sujet de l’école du dehors. Mais le plan de continuité pédagogique en cas de reprise de l’épidémie laisse entrevoir un espoir : il affirme les avantages sanitaires mais aussi pédagogiques de la classe en plein air. En effet, les bienfaits de cette nouvelle pratique pédagogique sont nombreux :

> L’école du dehors améliore significativement la concentration.

> Elle participe largement au développement et à l’équilibre physique, psychique et émotionnel de l’enfant.

> Les jeux et les activités pratiquées dans un lieu libre offrent un espace d’expression illimité : ici, les mouvements et les cris sont permis !

> Les relations entre les élèves sont apaisées : dans un esprit coopératif, ils unissent leurs forces et leurs compétences pour mener à bien leur projet de construction de cabane ou de ramassage de bois.

> Dans cet espace où la prise de risque est possible (dans la limite des règles de sécurité établies par l’établissement et l’enseignant), ils testent leurs limites sur le terrain. À la clé ? Une meilleure estime de soi.

> L’extérieur est aussi un espace de créativité infini qui rime avec joie et fantaisie.

> Dans ce contexte où l’on aborde l’enfant dans sa globalité, où le lien avec la nature favorise la sérénité, les enfants « différents » trouvent leur place.

> Hors de la cour de récréation qui ressemble bien souvent à un terrain de foot, les filles s’affirment davantage, elles se sentent plus fortes et confiantes.

> Lieu d’apprentissage à ciel ouvert, la nature permet d’aborder les principales disciplines du programme : langage, mathématiques, sciences, art…

> Et bien sûr, apprendre dehors permet de développer un lien profond avec la nature et une sensibilisation à l’environnement. Qui aime, protège.

 

Selon l’éducateur nature Louis Espinassous, il faut toucher la nature pour la comprendre. Notre admiration distante envers la nature peut évoluer pour rencontrer réellement le monde vivant. « Le corps doit être en action pour que le cerveau se développe, et pour que les enfants s’attachent à la nature », dit-il. Aux parents aussi de changer leur comportement pour amener les enfants à explorer leur environnement, ville ou campagne, autrement.

 

POUR ALLER PLUS LOIN

Découvrez deux projets pédagogiques inspirés des « forest school », financés par la Fondation Nature & Découvertes :

https://fondation.natureetdecouvertes.com/projets/mesange-et-libellule/

https://fondation.natureetdecouvertes.com/projets/nord-nature-chico-mendes-2/

 

Trouvez l’école du dehors la plus proche de chez vous :

https://lesdecliques.com/blog/trouver-forest-schools-france/

 

Les acteurs engagés dans le développement de la pédagogie de la nature en France :

https://www.reseau-pedagogie-nature.org/

https://profsentransition.com/ecole-du-dehors/

 

Les livres à ne pas manquer :

L’enfant dans la nature, Matthieu Chéreau et Moïna Fauchier-Delavigne, éditions Fayard

L’école à ciel ouvert, Sarah Wauquiez, éditions de La Salamandre

Laissez-les grimper aux arbres, Louis Espinassous, éditions Presses d’Île-de-France

50 aventures dans la nature que tu dois absolument faire avant 12 ans, Elise Darteyre et François Lenormand, éditions Plume de Carotte

 

Sources

L’école de Léo, située dans le Doubs, participe à un projet expérimental d’école du dehors à découvrir ici : https://profsentransition.com/ecole-du-dehors/

L’enfant dans la nature, Matthieu Chéreau et Moïna Fauchier-Delavigne

 

 

Par l’équipe du Blog